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Yvonne Lefébure
Vous êtes vraiment une de mes vraies disciples.
La musicologue, Brigitte Massin, (salle Gaveau)
Souplesse, fluidité, recherche d’une expression intérieure au son
Jean-Marie Fiorucci
Jamais sous ses doigts, la musique d’un Schumann, Beethoven, Schubert, n’a été prétexte à l’affèterie. On pourrait évoquer une nouvelle dimension classique
La pianiste-concertiste Rosalyn Tureck
You have excellent musical taste and musicianship
Rhein Neckar Zeitung
Sa manière fascinante de comprendre Mozart dans son expression la plus profonde
Le compositeur Sergio Calligaris
I also admired the transparency of sound in Bach and in Mozart, as well as your dramatic approach to Beethoven sonata opus 109
Le flûtiste Alain Marion
Ses qualités pianistiques et musicales en font une partenaire hors du commun
Le musicologue Gérard Saint-Guirons
Un jeu sobre qui privilégie la qualité sonore et réussit à créer des vivants contrastes sans se départir de la plus grande délicatesse
Le compositeur René Maillard
Je ne m’attendais pas à ressentir une telle émotion à l’écoute de la Sonate en Si bémol Majeur D 960 de Schubert. Le miracle se produit pour nous enchanter et nous mener au ciel.
Festival de Champs sur Marne, La Marne
Françoise Chaffiaud a offert aux mélomanes un moment délicieux, elle a interprété avec beaucoup de sensualité des œuvres de Bach et de Mozart.
Printemps musical à Saint Tropez, S. A.
Françoise Chaffiaud nous a fait vivre un instant magique, de recueillement, laissant le public suspendu à ses notes.
Couleur Nice
Cette interprétation originale de la Sonate en Si bémol Majeur D 960 de Schubert peut prendre place dans le panthéon pianistique.
La Dépêche
Passages brillants, liberté de phrasés
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René Jean Bouyer : Pour ce nouvel enregistrement de musique française, pourquoi avez-vous privilégié un piano Erard plutôt qu’un Steinway ou un Yamaha ?
Françoise Chaffiaud : Cet enregistrement est né d’une double rencontre, celle d’un lieu et d’un instrument. C'est mon ingénieur du son qui m'a fait connaître le château de Vins sur Caramy dans le Var, où il avait entendu un piano Erard, d'une magnifique sonorité. Il s'agit d'un modèle en palissandre, le n° 91749 vendu à Madame Henzey en janvier 1907. En essayant ce piano à queue, ce fut le coup de foudre. Sa résonnance en aigus cristallins, médiums charnus et basses rondes m’a conquise. J'ai senti dans ce piano une âme. C'était l’instrument idéal pour retranscrire la couleur musicale de cette époque. Fauré et Ravel composaient eux-mêmes sur les pianos Erard qui étaient très utilisés en salles de concert. Nous avons passé trois jours à enregistrer dans cet endroit merveilleux, admirablement restauré par ses propriétaires. C'est un site habité par la musique parce que s’y déroulent festivals, concerts et master classes, et surtout la prise de son y bénéficie d’une acoustique remarquable.
C'est votre cinquième album. Après Bach et Schubert, pourquoi vous tourner vers la musique française ?
La musique française a toujours été une passion pour moi, sans doute parce que j'ai été plongée très jeune dans son univers. Ce goût pour cette musique, je le tiens d’Yvonne Lefébure, une interprète particulièrement appréciée par Maurice Ravel. Il lui avait dit : « Transmettez ma musique. » A 12 ans, j’entrais au CNSMD de Paris dans la classe d’Yvonne Lefébure qui m’a fait découvrir le répertoire de la musique française et jouer devant Florent Schmidt, Henri Dutilleux, Pierre Petit… des proches d’Alfred Cortot avec qui j’ai également étudié un peu plus tard à l’Ecole Normale de musique. Je n'ai jamais oublié l'enseignement reçu lors de ces années d’adolescence parisienne, il prêtait une attention extrême au timbre de l’instrument, la virtuosité n’en était pas l’objectif unique.
Où trouvez-vous des sources d'inspiration pour interpréter Fauré, Debussy, Ravel ?
Chez leurs contemporains, les poètes, les peintres. Les sensations et les couleurs m'inspirent des paysages musicaux, des espaces sonores.
Par exemple : le tableau de Monet « Le parlement de Londres au soleil couchant » de 1903 a inspiré mon interprétation pour « La cathédrale engloutie », « Le tango de l’archange » du peintre fauve Van Dongen pour «Alborada del gracioso», « L’embarquement pour Cythère » de Watteau pour « L’ isle joyeuse » et l’œuvre de Marquet pour « Les oiseaux tristes ». Une recherche intérieure et la méditation m’ont guidée dans l’interprétation du 13ème nocturne de Fauré. Edgar Poe, Aloysius Bertrand, les poèmes de Baudelaire m’ont accompagné dans cette approche musicale. J’ai tenté d'atteindre ce que Debussy nomme « la chair nue de l’émotion ».Quelle est votre approche personnelle du piano ?
Après les années parisiennes, j’ai voulu perfectionner ma technique auprès des maîtres argentins, Enrique Barenboïm et Fausto Zadra, qui prennent particulièrement en compte le domaine de la physiologie dans le jeu pianistique, ce que j’enseigne dans mes master classes européennes et asiatiques.
A l’Opéra de Nice, j’ai travaillé avec des artistes hors norme comme Montserrat Caballe, Jose Carreras. Ils m’ont convaincue que le piano était un orchestre à lui tout seul et ne se réduisait pas à un instrument à percussions. Je devais apporter aux chanteurs ce qu’ils retrouvaient sur scène, la palette de l’orchestre.
Des grands maîtres du piano comme Clara Haskil, Wilhelm Kempff inspirent ma conception du toucher pianistique.Cet enregistrement nous livre une interprétation neuve de ces pièces qui ont inspiré tant de compositeurs du XXème siècle et parfois du XXIème siècle…
C'est le résultat d'une recherche entreprise pour ce disque. J'ai travaillé plusieurs mois loin du piano, sur la partition, en visualisant la musique, « je jouais virtuellement » en quelque sorte. C'est un travail de réflexion, de méditation en amont du jeu. Finalement j'ai oublié les barres de mesure, j’ai banni le note-à-note, me rappelant ce que Mozart disait: « Je cherche les notes qui s’aiment. ».
Alors tout naturellement s’imposent de nouveaux espaces sonores.
Mon intention est de les faire vivre comme une globalité : je laisse le son s’épanouir en halos, j’écoute les vibrations jusqu’à leur terme afin de rebondir d’une vague sonore à l’autre.
Je voulais me mettre en retrait de notre environnement technicisé où tout va trop vite, de ces bruits saccadés, éclatés, de l’atmosphère haletante de zapping permanent. J’ai voulu mettre ma technique pianistique, ma virtuosité, au service de l'essentiel : l'imaginaire, l’intemporel.
Dans mes master classes, je rappelle souvent une formule dont j’ai fait mon concept: « Avoir l’âme au bout des doigts ». L’interprétation d’une œuvre exige en amont un travail considérable de recherche sur l’écriture, sur l’époque, ainsi que du travail technique. Une fois maîtrisés tous ces paramètres, il faut lâcher prise, oublier le mental, laisser aller la musique.
Debussy faisait dire à son double, Monsieur Croche : « N’écouter les conseils de personne, sinon du vent qui passe et nous raconte l’histoire du monde. »Interview René Jean Bouyer, réalisateur